22.5.06

De chute en chute

Il fut réveillé au milieu de la nuit par le martèlement de la pluie sur les carreaux et le sentiment d'avoir oublié quelque chose en bas dans la cour, sur le pavé mouillé par l'averse. C’était un objet encore invisible à sa mémoire, mais dont le son etouffé par l’éloignement montait derrière la pluie. Son oreille se tendit vers ce son fragile qui bégayait et tout à coup il reconnut. Les débris plaintifs, syncopés. Entre miaulements et grincements, des fragments de notes, qui venaient d’un violon. Il y avait le raclement des cordes avant la note – frrr- puis les sons, suspendus, arrachés, hors de toute tonalité. Du Schonberg en miettes, joué par un handicapé. Il se dressa net sur son séant, les yeux tout grand ouverts dans le noir, sur la flaque sombre de son portefeuille criblé par la pluie entre les détritus.

Edith Vanel

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Bonjour, j'aime beaucoup votre court mais néamoins tres poétique texte.Etes-vous bien professeur a l'université de Nantes? Y a t-il une suite à ce texte?Au revoir.

18:06  

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